En 1308, Enguerrand de Marigny devient également propriétaire du monastère de sainte Geneviève qui sera repris plus tard par les religieuses  de saint Dominique de Rouen.

A Ecouis, il possédait un domaine avec existence d'un hôpital et d'un collège de 12 chanoines qui devait accuueillir la collégiale qui allait se construire sous sa direction de 1310 à 1313.

La collégiale fut consacrée à Notre Dame de l'Assomption le 9 septembre 1313. La collégiale devait être la nécropole familiale des Marigny mais aussi un sanctuaire des reliques, d'où une dotation de reliquaire prestigieuse dès sa  consécration.

Le procès, puis la mort infamante d'Enguerrand de Margny, le 30 avril 1315 au gibet de Montfaucon va considérablement modifier les projets d'avenir de cette collégiale qui sera   jusqu'à la révolution un lieu de prière.

Cette collégiale recevra plusieurs rois dont Louis XI et Louis II et beaucoup plus tard accueillera un chanoine qui n'est autre que saint Vincent de Paul...

Jeanne de Navarre avait pris Enguerrand de Marigny à son service. quand son décès survient brutalement en avril 1305, Philippe le Bel qui avait remarqué chez ce simple chevalier son esprit vif et sa grande culture le sollicite à sa cour. Très vite Enguerrand de Marigny devient comte de Longueville puis Chambellan, châtelain du Louvre, grand maître de l'hôtel puis surintendant des finances et surtout coadjuteur au gouvernement du royaume. Devenu un des principaux conseillers de Philippe Le Bel, Enguerrand de Marigny acquiert  ainsi un immense pouvoir à la fois politique, diplomatique et financier. Philippe le Bel lui accorde la faculté de racheter aux habitants tous les "droits de tiers et dangers" (c'est un droit sur les ventes de bois) et d'exercer le droit de haute justice sur les habitants. Philippe le Bel reconnaissait ainsi les droits des sept villes mais en oubliant de mentionner le mot "propriété". Philippe le Bel qui aime particulièrement la chasse à courre considère la forêt de Lyons comme la plus belle du royaume. En 1293, il se fait construire un manoir royal et une chapelle au lieu-dit : "la feuillie" tout près de Lyons. En 1305, Philippe le Bel offre Mainneville et les six autres villages de la forêt de Bleu à Enguerrand de Marigny.

A Mainneville, domaine rural, il y avait un château fort construit sous Philippe Auguste (1180-1228) qui était entouré de fossés et alimenté par la Lévrière. Enguerrand de Marigny va rapidement faire  reconstruire un château à Mainneville. Pour la chapelle il fera comme pour la Collégiale d'Ecouis : il commandera des statues aux meilleurs sculpteurs de son temps. A ce jour il y a encore deux très belles statues dans l'église Saint Pierre-saint Paul sorties vers 1310 de l'atelier royal de Vernon. En efet, il y avait dans cette ville des carrières de fin calcaire blond. la première statue conservée est la statue de la Vierge, qui est particulièrement hanchée porte un enfant souriant dont le doigt est dirigé vers le visage de sa mère. cette sculpture qui est l'oeuvre d'un anonyme est magnifique car il ne transmet plus le dogme de la Vierge Marie mais au contraire un moment d'intense émotion d'humanité et d'amour. La deuxième statue vient aussi du même atelier représente Louis IX qui lui aussi pour l'époque suscite  quelque chose d'assez exceptionnel car le portrait n'est pas idéalisé et donc reste très expressif. (à suivre)

Lyons est devenue la résidences des Ducs de Normandie dès le XIIéme siècle.

Henri Ier d'Angleterre fait construire un château fort sous le nom de saint Denis en Lyons. Richard Coeur de Lion y séjournera très souvent.

A deux reprises, Philippe Auguste s'empare du château de Lyons : en 1193 et 1203.

Saint-Louis viendra aussi au château de Lyons en 1257 et 1263.

Dans l'histoire de la Haute Normandie, nous avons une étude intéressante de Toussaint Duplessis qui note : "ce cha^teau avait 4 portes ou défense dont la garde était confiée à un pareil nombre de seigneurs pendant que le prince y fait séjour et de là est venue sans doute le nom de PORTIER que les anciens seigneurs de Marigny prennent dans tous leurs titres".

LA FAMILLE LE PORTIER

La famille Le Portier qui avait la garde héréditaire d'une des 4 portes fortifiées du château de Lyons reçoit le fief de Rosay.

Nous voyons vers 1150 Enguerrand Le Portier premier seigneur de Rosay. Les quatres seigneurs suivant se feront appelés Le Portier de Lyons.

Au XIIe siècle, Hugues épouse Mathilde de Marigny. De cette union, naîtra un fils du nom d'Enguerrand qui prendra le nom de sa mère. Son fils qui va s'appeler Jean de Marigny donnera l'église de Rosay au prieuré de saint Laurent de Lyons.

Le fils de Jean, celui qui va nous intéresser dans cet exposé est notre Enguerrand de Marigny qui va naître à Lyons en 1260

L'existence des habitants de la forêt de Bleu est connue par un texte du bailli de Gisors daté de 1280 qui stipule "qu'un roi aurait donné aux habitants des sept communes la portion de forêt comprise dans leurs limites à charge pour eux de s'acquitter d'une rente de 32 livres 10 sols parisis en se réservant toutefois le droit de chasse".

A cet efet, nous allons tout particulièrement nous intéresser à Philippe le Bel et certains personnages de son entourage car c'est lui qui va reconnaître le premier l'existence des droits des habitants dans la forêt de Bleu : dans deux chartes de mars 1305 signées en faveur de son chambellan, surintendant des finances, Enguerrand de Marigny qui sétait au cours des années dans le Vexin, constitué un magnifique domaine dont le centre était Mainneville., qui est considéré comme la capitale des villes de Bleu.

Certains n'hésitent pas à affirmer que dans MAINNEVILLE la première syllabe n'est autre que l'adjectif anglais main qui se traduit par principal. Nous sommes bien au centre du buisson de bleu.

Le premier seigneur de Mainneville est le sieur Geoffroy. Il embarque pour l'angleterre avec Guillaume Le Conquérant. Pour le remercier de sa bravoure, il reçoit la charge de Connetable (ce qui correspond au chef des armées) et le fief de Mainneville.